Pieros

Les médecins généralistes sont de plus en plus confrontés à la souffrance au travail de leurs patients : en effet, 75% d'entre eux déclarent voir au moins un patient par semaine pour ce motif. Nous avons donc décidé de décrire la place et la prise en charge de la souffrance au travail dans la pratique des médecins généralistes. En parallèle, nous souhaitons préciser, du point de vue des patients présentant une souffrance au travail, les sources et les manifestations psychosomatiques de leur souffrance. Matériels et méthode : Enquête postale avec, d'une part, envoi d'un questionnaire « médecin » et d'une lettre explicative à un échantillon aléatoire de médecins généralistes en Sud Loire, et, d'autre part, remise d'un questionnaire « patient » par les médecins généralistes, ayant répondu positivement à notre sollicitation, aux patients présentant une souffrance au travail. Résultats : 56% des médecins généralistes, ayant reçu le questionnaire « médecin », l'ont renvoyé. Nous avons reçu seulement 30 questionnaires « patients ». 45% des médecins pensent que le motif souffrance au travail est rarement explicité au début de la consultation par le patient. Selon les médecins généralistes, la souffrance au travail se traduit par des troubles du sommeil, des troubles anxieux, de l'asthénie dans plus de 90% des cas. 84% des médecins généralistes, ayant renvoyé le questionnaire, prescrivent un arrêt de travail en première intention. Lorsqu'ils estiment qu'une orientation est nécessaire, la moitié des médecins font appel au médecin du travail. Les femmes médecins orientent plus souvent vers le psychologue. 6 médecins sur 10 se sentent moyennement à l'aise dans ce type de consultation, et 55% des médecins interrogés sont rarement satisfaits de leur prise en charge. 78% des médecins généralistes souhaitent une formation médicale continue pour améliorer la prise en charge de leurs patients présentant une souffrance au travail. Les patients se plaignent principalement de stress, d'anxiété, de troubles de l'humeur et de troubles du sommeil. Discussion - Conclusion : Les médecins généralistes sont en première ligne pour dépister la souffrance au travail de leurs patients qui est devenue un problème de santé publique. C'est une prise en charge complexe qui nécessite une collaboration avec d'autres médecins spécialisés et le développement de structures hospitalières référentes. Les médecins généralistes ont besoin de formations, et ils préconisent le développement de la consultation spécialisée dédiée à la souffrance au travail.