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Épidémiologie du cancer broncho-pulmonaire en prison: l’étude CARCAN, une enquête cas-contrôle multicentrique.
2018
Santé
Auteurs Physiques
- RENAULT (L.)
Organismes Producteurs
Aucun organisme producteur
Organismes Commanditaires
- Université de Lyon
Résumé
Peu d'études concernant les maladies chroniques et les cancers chez les personnes détenues ont été réalisées en France, notamment le cancer du poumon qui est un des plus fréquents et dont le facteur de risque principal est le tabac, fortement consommé en prison. L'objectif de l'étude CARCAN (CARcéral CANcer) était de déterminer le profil épidémiologique, l'incidence, le pronostic et les délais de prise en charge des personnes détenues atteintes de cancer bronchique, et de comparer ces données à des personnes non détenues et atteintes de la même affection. L'étude était observationnelle, multicentrique, rétrospective de type cas-contrôle. Les cas étaient les détenus présentant un cancer bronchique et hospitalisés dans l'UHSI de Lyon de 2005 à 2013, ou de Marseille de 2007 à 2013 ou de Toulouse de 2008 à 2013. Les contrôles étaient les personnes présentant la même pathologie et hospitalisées dans un service de pneumologie des CHU de Lyon, de Marseille ou de Toulouse avec les dates d'inclusion par centre identiques. Chaque cas a été apparié de manière randomisée par sexe, centre et année de diagnostic, à 3 contrôles. Les données recueillies ont concerné des données liées à la population étudiée et liées au cancer. Le taux d'incidence du cancer du poumon chez les hommes détenus a été étudié en rapportant le nombre de cas répertoriés chaque année à l'effectif carcéral couvert par ces 3 UHSI. 170 contrôles et 72 cas ont été analysés parmi lesquels 98% d'hommes. L'âge moyen au diagnostic était de 52.9 ans chez les détenus contre 64.3 ans chez les nondétenus (p<0.0001). Les cas ont eu plus fréquemment un antécédent de tuberculose (12% vs 5%), et ont été plus fréquemment fumeurs actifs (83% vs 54%). Il n'a pas été retrouvé de différence significative dans l'antécédent de BPCO, le type histologique, le stade TNM au moment du diagnostic, le type de traitement reçu, les délais de prise en charge, la survie sans progression et la survie globale. Le taux d'incidence du cancer pulmonaire de 2008 à 2012 a été plus importante chez les détenus pour chaque tranche d'âge étudiée. Cette étude est la première de ce type en France et montre un âge plus jeune au diagnostic chez les détenus. Elle ne montre pas de différence statistiquement significative en ce qui concerne le pronostic et les délais de prise en charge pouvant faire penser à un dispositif sanitaire carcéral d'efficacité équivalente au système conventionnel. Ces résultats demandent à être confirmés dans une étude de plus grande ampleur et doivent amener à une réflexion sur la stratégie de prévention au sein de cette population fragile.
Accès à l'étude