Pieros

L'intérêt des équipes mobiles d'infectiologie est reconnu depuis longtemps en médecine adulte. Des équipes mobiles d'infectiologie pédiatrique (EMIP) existent dans plusieurs Centres Hospitaliers Universitaires (CHU) en France, mais leur activité n'a jamais été rapportée. Notre objectif était de décrire l'activité des EMIP de deux CHU français. Nous avons réalisé une étude observationnelle rétrospective multicentrique sur deux ans à l'Hôpital Femme mère enfant de Lyon (du 01/11/2016 au 01/11/2018) et sur 6 mois à l'Hôpital Couple enfant de Grenoble (du 01/05/2018 au 01/11/2018). Tous les avis donnés par l'EMIP pour les enfants de moins de 18 ans étaient inclus. Le critère de jugement principal était le nombre avis donnés par l'EMIP, la typologie des avis et conseils donnés. Au total, 2104 avis étaient enregistrés dont 1526 à Lyon sur 2 ans et 578 à Grenoble sur 6 mois. Il y avait entre 1 et 41 avis par jour, pour une médiane de 5 avis par jour. Un avis pouvait mener à un ou plusieurs conseils. Il y avait 1787 conseils thérapeutiques (85% des avis), 658 conseils diagnostiques (30%), 130 conseils d'hygiène ou de santé publique (6%), 120 conseils vaccinaux (6%). Dans plus de la moitié des conseils thérapeutiques (57,9%), l'EMIP proposait une modification du traitement anti infectieux, avec une réduction des anti-infectieux dans 41,2% des cas. Un avis sur la durée de traitement était donné dans 22,8% des cas. 7,8% des conseils thérapeutiques validaient le traitement. Les services sollicitant l'EMIP étaient divers : 73% des avis provenaient du CHU (32% de pédiatrie médicale, 19% de réanimation pédiatrique, 15% des services de chirurgie, 3% de néonatalogie). 27% des avis provenaient de l'extérieur (médecine libérale ou centres hospitaliers généraux). L'existence d'une EMI spécialisée en pédiatrie permet d'améliorer la prise en charge individuelle des patients, et une utilisation raisonnée des anti-infectieux. La diversité des services demandeurs d'avis illustre la transversalité de la discipline, justifiant l'organisation en équipes mobiles. Les EMIP sont indispensables pour la formation continue des médecins en infectiologie pédiatrique. Les spécificités pédiatriques justifient une expertise par des pédiatres infectiologues. Le biais principal de notre étude était une probable sous-estimation du nombre d'avis. L'activité des EMIP est importante et non valorisée. Les EMIP permettent l'optimisation du traitement anti infectieux des patients, en s'inscrivant dans une démarche de bon usage des anti infectieux, et contribuent à la formation des médecins. Une étude prospective de plus grande ampleur avec étude d'impact sur la consommation des antibiotiques permettrait de mieux évaluer l'intérêt de ces équipes.