Pieros

La balance bénéfices/risques du dépistage organisé du cancer du sein (DO) est débattue au sein de la communauté scientifique. L'objectif principal de cette étude était de déterminer si les femmes invitées au dépistage organisé du cancer du sein par mammographie connaissaient les avantages mais aussi les inconvénients de ce dépistage. L'hypothèse de départ était une méconnaissance des femmes des inconvénients du DO. Une étude quantitative prospective par questionnaire a été menée au sein du Pôle de Santé Rhône Galaure du 9 janvier 2016 au 21 mars 2016. Les femmes incluses étaient celles éligibles au DO. 125 questionnaires ont été distribués, 105 questionnaires ont été retournés et 92 questionnaires ont été analysés. 76% des femmes jugeaient le DO sans inconvénients (groupe 1) alors que 7% des femmes reconnaissaient des inconvénients au DO (groupe 2). Les femmes du groupe 1 identifiaient mieux les avantages du DO qu'étaient la tranquillité d'esprit en cas de résultat normal, la découverte précoce d'une anomalie mammaire et un traitement moins lourd et ce de manière statistiquement significative (respectivement p=0,04, p=0,03, p=0,04). La baisse de mortalité par cancer du sein était un avantage reconnu dans les deux groupes, sans différence significative. Contrairement à l'hypothèse de départ, les inconvénients du DO étaient bien mis en évidence par les femmes du groupe 1. 75% d'entre elles reconnaissaient l'existence du surdiagnostic et 60% avaient connaissance des faux positifs. 81% des femmes pensant le DO sans inconvénients ignoraient que le DO induisait du surtraitement. Faux positifs et surtraitement étaient mieux connus des femmes du groupe 2, de manière statistiquement significative (respectivement p=0,04 et p=0,0008). Les femmes interrogées avaient connaissance des inconvénients du DO. Cependant, ces inconvénients n'étaient pas perçus comme tels. Surestimation des bénéfices du dépistage, méconnaissance des conséquences de ces inconvénients, phénomène inconscient de dissonance cognitive, environnement médiatique sont autant d'explications à l'origine de ce paradoxe.