Pieros

Introduction : La transplantation d'organes représente un enjeu de santé publique majeur. Elle permet d'augmenter l'espérance et la qualité de vie de patients porteurs de défaillances d'organes. Aujourd'hui en France, les transplantations ne sont possibles que si les donneurs sont en nombre suffisant. Si les âges moyens des personnes donneuses et greffés sont similaires (respectivement 53 ans et 52,4 ans), la proportion de donneurs de plus de 60 ans augmente régulièrement. La raison principale de non prélèvement est le taux d'opposition (33,6 %). Ceux-ci stagnent en France depuis plusieurs années. Les causes de refus au don d’organes retrouvées sont les idées reçues concernant la limite d'âge et la méconnaissance du choix du défunt par la famille. Il semble nécessaire de former des acteurs supplémentaires pour encourager la discussion autour du don d'organes plus tôt dans le processus de réflexion des patients. Le médecin généraliste pourrait en être un acteur essentiel. Objectifs de notre étude : L’objectif principal de notre travail est d’évaluer si les patients de plus de 60 ans en Isère et Haute Savoie sont informés sur le don d’organes, s'ils en parlent avec leur famille et leur médecin traitant. L’objectif secondaire est d’évaluer la place du médecin généraliste à ce sujet et sa volonté à se former. Matériels et méthodes : Il s'agit d'une étude quantitative menée en Isère et Haute Savoie sur une période de quatre mois (de mai à août 2022). Deux questionnaires ont été envoyés à des cabinets de médecine générale adressés aux praticiens et à leurs patients de plus de 60 ans consultant en début de chaque demi-journée. Le recueil est réalisé auprès de 26 médecins généralistes et de 201 patients. Résultats pour les patients : L'étude montre que la grande majorité des patients de plus de 60 ans (92,6 %) a déjà entendu parler du don d’organes via la télévision (60,8 %) et/ou la presse écrite (40,8 %). La plupart d’entre eux ne communiquent leur choix à personne (64,7 %), environ un tiers à leurs proches (31,3 % ) et très peu à leur médecin traitant (4,0 %). Parmi les 58 personnes ayant communiqué leur choix, 9 pensent qu’il ne serait pas respecté. 53,2 % des patients de plus de 60 ans pensent qu'il existe une limite d'âge au don (âge moyen retrouvé 66,4 ans). Résultats pour le médecin généraliste : Nous montrons que le médecin généraliste apporte une information claire et juste à propos du don d’organes notamment sur la limite d’âge, dans 87.5% des cas. Seulement 12 % des médecins généralistes ont des plaquettes informatives dans leur cabinet. Les dispositifs d'information (Agence de Biomédecine et autres…) et de formation des praticiens à ce sujet ne fonctionnent pas. Ces chiffres sont similaires aux résultats nationaux. Conclusion : En consultation courante en Isère et Haute Savoie, les patients de plus de 60 ans et les médecins généralistes n’abordent pas la question du don d’organes et de la greffe. Or, le médecin généraliste peut être un acteur important chez les patients de cette tranche d’âge qui consultent plus souvent que la population générale. L’amélioration des supports d’aide à la discussion est un élément primordial dans la communication autour du don d’organes et de la greffe.