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Devenir des enfants nés entre 22 et 25 SA [semaines d’aménorrhée] à l’hôpital de la Croix-Rousse.
2019
Santé
Auteurs Physiques
- VINCENT (M.)
Organismes Producteurs
Aucun organisme producteur
Organismes Commanditaires
- Université de Lyon
Résumé
La prise en charge à la limite de la viabilité pose des problèmes éthiques et décisionnels aux équipes soignantes. Ces décisions, ainsi que l'information des familles, reposent sur la connaissance du pronostic tel qu'évalué par les études épidémiologiques nationales et internationales. Cependant, ces données peuvent différer significativement de celles du centre de périnatalogie dans lequel chaque enfant est pris en charge. L'objectif de notre étude était de décrire la morbi-mortalité et le devenir à 2 ans d'une cohorte d'enfants nés de 22 à 25 SA à l'hôpital de la Croix-Rousse à Lyon, afin de vérifier l'existence de différences avec les études épidémiologiques nationales et internationales, et de les analyser. Une étude descriptive rétrospective a été menée chez tous les enfants nés entre 22 et 25 SA et pris en charge à l'hôpital de la Croix-Rousse entre janvier 2010 et décembre 2014. Nous avons analysé la mortalité, la morbidité et la survie sans morbidité sévère (hémorragie intraventriculaire stade �3, leucomalacie périventriculaire, rétinopathie stade �3, dysplasie broncho-pulmonaire sévère, entérocolite ulcéro-nécrosante grade �2) ainsi que le devenir neurosensoriel, respiratoire, digestif et cardiovasculaire à 2 ans. Le taux de survie à 2 ans sans déficience neuro-développementale modérée à sévère ou respiratoire a été évalué (paralysie cérébrale, perte auditive > 40 dB, cécité, support ventilatoire à l'âge de 2 ans). Les données ont été comparées à celles rapportées dans les études épidémiologiques les plus récentes dans cette population. Parmi les 297 nouveau-nés inclus, 149 étaient mort-nés, 11 sont décédés en salle de naissance et 137 ont été admis en réanimation néonatale, parmi lesquels 93 (63%) étaient vivants à la sortie : 0% à 22 SA, 27% à 23 SA, 52% à 24 SA et 84% à 25 SA. La survie était supérieure à celle observée dans les études EPIPAGE 2, EPICure 2 et NICHD et proche de l'étude EXPRESS. Parmi les 93 enfants ayant survécu, un enfant sur deux (51%) n'a pas présenté de complication néonatale sévère. L'EPIPAGE 2 retrouvait une morbidité néonatale sévère similaire. Le taux de survie à 2 ans sans déficience neuro-développementale ou respiratoire modérée à sévère était de 55%. Le quotient de développement (échelle de Brunet-Lézine révisée) à 24 mois d'âge corrigé était > 85 pour 83% des enfants. Parmi les 93 enfants vivants à la sortie, 4% d'entre eux présentaient une paralysie cérébrale, moins de 1% une cécité et 2% une surdité sévère. Cette étude suggère un accroissement de la survie des enfants nés entre 22 et 25 SA en comparaison à la cohorte nationale récente, sans augmentation des complications sévères. Ces résultats de l'analyse du devenir de cette population très particulière suggèrent qu'il faut tenir compte des données locales dans les décisions éthiques d'initier ou non une réanimation intensive chez les enfants nés à la limite de la viabilité.
Accès à l'étude
Thèse de médecine (60p.) – Université de Lyon