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Efficacité d’une intervention écrite sur la diminution de la consommation des benzodiazépines chez les patients à partir de 65 ans, en médecine de ville : étude randomisée.
2017
Santé
Auteurs Physiques
- LAPERRIERE (L.)
Organismes Producteurs
- Université de Lyon
Résumé
Les benzodiazépines, consommées durant plus de trois mois, entrainent une augmentation de la morbidité chez les personnes âgées. De nombreuses études, non réalisées en France, ont montré qu'une intervention écrite pouvait aider à l'initiation d'un sevrage et la Haute Autorité de Santé recommande cette stratégie. L'objectif de ce travail était d'évaluer l'efficacité d'une intervention écrite sur la diminution de la consommation des benzodiazépines ou médicaments apparentés, chez les patients à partir de 65 ans. Nous avons réalisé une étude interventionnelle, randomisée en deux groupes parallèles, dans l'agglomération d'Ambérieu-en-Bugey. Le critère de jugement principal était la diminution de 50% de la posologie de la benzodiazépine. Les critères de jugement secondaires étaient : le sevrage complet, le ressenti des patients face à l'intervention, les freins à l'arrêt et les facteurs individuels jouant potentiellement un rôle dans le sevrage. Le recrutement des patients a été réalisé grâce aux bases de données des pharmacies d'Ambérieu-en-Bugey. Après une information téléphonique des patients, une demande de consentement leur était envoyée par courrier postal. Dès réception du consentement signé, les patients étaient randomisés par blocs de deux, puis inclus dans le groupe contrôle ou le groupe intervention. Les patients du groupe intervention recevaient une lettre d'informations sur les risques des benzodiazépines et un calendrier d'aide à l'arrêt. Ils étaient invités à consulter leur médecin traitant ou leur pharmacien pour parler des benzodiazépines. Six mois après l'inclusion dans l'étude, les ordonnances des patients ont été récupérées afin d'analyser les éventuelles modifications concernant les benzodiazépines. Les patients du groupe intervention ont également été recontactés pour connaitre leur ressenti face à cette intervention, les freins à l'arrêt et afin qu'ils puissent déclarer leur consommation de benzodiazépine à six mois. Sur un total de 281 patients éligibles, nous avons obtenus 89 accords téléphoniques. Par la suite, seulement 33 patients ont renvoyé un consentement écrit, soit 11,7% de l'effectif éligible. Parmi eux, 16 patients étaient inclus dans le groupe intervention et 17 dans le groupe contrôle. Six patients ont diminué leur consommation dans le groupe intervention (37,5%) versus deux dans le groupe contrôle (11,8%) (p=0,12). Sur les 16 patients du groupe intervention, 10 étaient satisfaits de l'intervention écrite. Neuf patients ont essayé d'arrêter et 4 en ont discuté avec leur médecin traitant. Aucun facteur individuel prédictif d'une modification du comportement vers un sevrage n'a pu être identifié. Les freins à l'arrêt des benzodiazépines étaient en lien avec des difficultés personnelles, un manque d'appropriation des risques des benzodiazépines malgré l'intervention écrite, un manque de connaissances du syndrome de sevrage, une dépendance marquée et une expérience antérieure négative lors d'une tentative de sevrage. Notre étude ne permet pas de conclure à un effet de l'intervention écrite, vraisemblablement du fait d'un faible taux de participation et donc d'un faible effectif. Cependant, les patients étaient majoritairement satisfaits d'apprendre les risques liés à la consommation des benzodiazépines. Cette intervention les a aidés à initier un sevrage même si celui-ci n'a pas pu aboutir. Il faudrait à l'avenir réaliser une étude interventionnelle en France comprenant davantage de patients.
Accès à l'étude