Pieros

Les patients souffrant de pathologies mentales sévères meurent 15 à 25 ans plus tôt que la population générale. Dans un système de soins sectoriel où le virage ambulatoire psychiatrique est désormais d'actualité, le suivi somatique des patients en médecine générale est donc devenu un enjeu crucial. Pourtant, l'accès aux soins somatiques de premier recours reste précaire au niveau national. Afin de lutter contre cette problématique, depuis 2013 au Centre Hospitalier Le Vinatier, le dispositif de soins CORESO œuvre pour réintégrer les patients qui n'ont plus de médecin traitant, auprès de généralistes proches de leur domicile. Il s'agissait d'une étude épidémiologique rétrospective, monocentrique, portant sur les patients ayant été pris en charge par le dispositif CORESO pendant une période de 5 ans, de janvier 2014 à janvier 2019. L'objectif de ce travail était l'évaluation de l'état de santé somatique de patients porteurs de pathologies mentales sévères et persistantes, suivis dans les Centres Médico-Psychologiques par les équipes de secteur de psychiatrie publique 69G30 et 69G32.Des pathologies somatiques ont été mises en évidence chez 88.9 % des patients avec une moyenne de 2.8 découvertes médico-chirurgicales par patient. La prévalence des comorbidités somatiques était préoccupante : 99.3% des patients présentaient au moins une pathologie médico-chirurgicale associée. Il existait en moyenne 7 comorbidités somatiques par patient. Cette moyenne augmentait avec l'âge, jusqu'à 10.2 comorbidités en moyenne pour les plus de 65 ans .Ces données interrogent. Nos pratiques de la médecine somatique en psychiatrie doivent-elles évoluer ? Une véritable collaboration entre somaticiens et psychiatres semble plus que jamais un prérequis indispensable pour offrir aux patients en santé mentale la qualité de soin global auquel ils ont le droit.