Pieros

L’objectif de cette étude prospective était d’évaluer un type d’intervention de postvention, celui du recontact de suicidant, sur le taux de récidive suicidaire à 1 an du geste suicidaire chez des patients non hospitalisés ou seulement entre 24 et 72 heures. Cette étude était prospective, mono centrique, contrôlée en intention de traiter, comparant deux groupes, l’un antérieur à la mise en place du protocole de prévention : Groupe Historique (GH) inclus du 1er janvier 2009 au 30 novembre 2009, l’autre ayant bénéficié du protocole : Groupe Rappel suicidant (GR) inclus du 1er janvier 2010 au 31 décembre 2010. La population incluse dans l’étude devait s’être présentée aux urgences suite à une tentative de suicide. Lors de l’entretien initial, il ne devait pas y avoir d’indication d’hospitalisation psychiatrique, en secteur ou en clinique, immédiatement après le passage à l’acte suicidaire. Ils pouvaient être hospitalisés dans l’unité de crise sur une période de 24-72 heures. Ils devaient bénéficier d’un moyen de recontact. Le GR avait bénéficié d’une prise en charge standard et du recontact, tandis que le GH avait lui eut une prise en charge standard. Tous les suicidants inclus dans le GR étaient rappelés par téléphone dans les 8 ± 2 jours suivant la tentative de suicide. Ensuite, un nouveau contact était réalisé au bout d’1 mois ± 5 jours, puis de 2 mois ± 5 jours après la sortie du CHU. Le critère d’évaluation principal était le taux de récidive suicidaire à un an du geste initial. Au final, 876 patients ont été inclus, 467 dans GR, 409 dans le GH. Il était retrouvé comme facteur protecteur de récidive suicidaire en analyse uni-variée le rappel suicidant (OR 0.65 IC (0.44 0.95) p=0.025). Il était retrouvé comme seul facteur protecteur de récidive suicidaire en analyse multivariée le rappel suicidant (OR 0.46 IC (0.27 0.80) p=0.0054). Discussion : Cette étude prospective mono centrique contrôlée a permis de mettre en évidence l’efficacité d’une intervention de postvention, le recontact suicidant, sur la récidive suicidaire à un an du geste suicidaire dans une population de patients ne bénéficiant pas d’une hospitalisation (ou seulement de 24 à 72 heures) après une consultation aux urgences psychiatriques lors de la tentative de suicide index. Le recontact téléphonique de par son efficacité, son faible coût et son acceptation par les patients pourrait être inclus dans une politique de santé publique et mis en place au niveau national. Il faudrait par ailleurs mener de nouvelles études avec une meilleure méthodologie : randomisée, contrôlée, pour augmenter la puissance et ainsi mettre en évidence une population cible plus restreinte.