Pieros

Le suicide est un problème majeur de santé publique. Les tentatives de suicide sont un facteur prédictif important de décès par suicide. Il apparait donc indispensable d'identifier des moyens de prévention de la récidive suicidaire. Les données de la littérature indiquent que peu de stratégies ont fait preuve de leur utilité. Dans ce contexte, il semble pertinent d'évaluer un type d'intervention visant à diminuer les récidives suicidaires. Ainsi, l'objectif de notre étude est d'évaluer l'efficacité d'un dispositif de recontact s'ajoutant aux soins habituels de suicidants reçus en consultation en 2010 par rapport à une population similaire vue en consultation sur la même période en 2009. Les patients inclus n'ont pas été hospitalisés en clinique psychiatrique ou en secteur suite à leur passage à l'acte. Notre critère d'évaluation principal est le taux de récidive suicidaire à 5 mois de la tentative de suicide index. Le recontact inclut 3 rappels téléphoniques réalisés par des infirmiers du service des Urgences Psychiatriques. Le but de ces contacts est double : évaluer le risque suicidaire et l'observance aux soins. En cas d'échec, un dispositif utilisant SMS, e-mails et courriers est mis en place invitant le patient à nous recontacter. Notre étude comprend 119 suicidants dont la tentative de suicide a eu lieu entre le 1er janvier et le 1er avril 2010. 93.3% des patients ont été recontactés à au moins une reprise. Le taux de récidive est de 10.9% pour les suicidants inclus dans notre protocole et de 15.8% pour les patients de 2009. Toutefois, la différence entre le nombre de suicidants récidivants n'est pas significative. La faible taille de notre échantillon peut expliquer ces résultats. Une analyse en fonction du sexe montre une tendance à une diminution des récidives chez les femmes par rapport aux hommes. Les 2 sexes ont bénéficié des recontacts de manière similaire. Il apparait que les femmes seraient plus sensibles à ce type d'intervention. L'identification d'autres caractéristiques, concernant l'âge et les antécédents de tentative de suicide, pourrait permettre de définir des sous-groupes de patients pour lesquels ce protocole serait efficace. Nos résultats ne permettent pas de conclure formellement quand à l'effet d'un dispositif de recontact sur la récidive suicidaire. Il est donc indispensable de poursuivre cette étude pour ne pas récuser trop rapidement un dispositif qui présente les avantages d'être facile à instaurer et peu coûteux, mais surtout qui exprime aux patients la préoccupation que nous avons pour eux.