Pieros

CONTEXTE Addictions et violences conjugales présentent une forte morbi-mortalité et des similarités ont été mises en évidence. Toutefois, la nature de ce lien reste complexe et les déterminants mal connus. Le médecin généraliste est le premier interlocuteur mais connaît des difficultés concernant le repérage et la prise en charge. OBJECTIF L’objectif de cette étude est de caractériser la nature du lien entre addictions et victimes de violences conjugales afin d’améliorer le dépistage et la prise en charge par les médecins généralistes dans leur pratique quotidienne. MÉTHODE Une enquête qualitative par 13 entretiens individuels semi-dirigés a été conduite de mars à septembre 2021 dans le département Allier et une analyse thématique a été réalisée. RÉSULTATS L’alcool était l’addiction prédominante, souvent concomitante à une consommation par l’auteur des VC, tandis que les différents types de violences s’entremêlaient. Les conséquences aux addictions et aux violences étaient significatives et durables. Les violences conjugales pouvaient constituer un déterminant d’entrée ou de maintien dans l’addiction et réciproquement, l’addiction pouvait être un facteur d’exposition aux violences. L’addiction était souvent un moyen de gérer le psychotrauma et les violences quotidiennes. Des facteurs prédisposants ont été identifiés : antécédent de maltraitance ou d’exposition aux violences durant l’enfance, vie conjugale et parentalité insatisfaisantes, précarité, handicap et comorbidités psychiatriques. Victimisation et perpétration semblaient être intriquées. Les participants avaient rarement abordé la problématique avec leur médecin traitant alors qu’ils étaient en recherche d’écoute et de soutien. CONCLUSION Le lien de causalité entre addictions et violences conjugales n’est pas figé et la temporalité n’est pas à sens unique. Leur étiologie est multifactorielle et on note notamment en déterminant commun un parcours de vie difficile. Le médecin généraliste, dont l’approche centrée patient est au cœur de sa pratique, dépiste encore trop peu ces sujets malgré une forte demande des patients.