Pieros

Afin d’améliorer l’accès aux soins primaires, l’État a autorisé les pharmaciens, depuis le 1er janvier 2020, à prendre en charge les patients présentant une infection urinaire ou une angine. Nous avons interrogé des patients, des pharmaciens et des médecins afin de dresser les avantages et les inconvénients de cette organisation de soins pour proposer des améliorations éventuelles. Une étude qualitative avec une approche inspirée de la théorisation ancrée a été réalisée dans le département de la Loire. La population a été incluse à la suite de stages de médecine générale ambulatoire. Des entretiens individuels semi-dirigés ont été conduits à l’aide de guide d’entretiens. Les médecins sont dans l’ensemble réticents à céder leur place de clinicien et de prescripteur pour des raisons à la fois identitaires, logistiques et financières. Les pharmaciens interrogés semblent plutôt favorables à cette délégation de tâches, bien qu’elle vienne s’ajouter aux missions actuelles soulevant une fois de plus des questions d’organisation et de rémunération. La position des patients sur ce sujet est hétérogène mais parait s’accorder selon l’âge des participants. Des contraintes matérielles et sanitaires sont venues faire obstacle à l’application des protocoles. La méconnaissance du métier de l’autre et le manque de travail collaboratif sont également des freins à l’utilisation du dispositif. En pratique, aucune des personnes interrogées n’utilisaient ce système. La pertinence de cette organisation pour pallier la problématique d’accès aux soins est discutable puisqu’elle n’intéresserait que peu de patients et concernerait des consultations simples et rapides. Elle ne parait pas être une solution efficace pour répondre aux manques de médecins dans les zones sous dotées mais elle constitue une alternative possible.