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L’état du mal-logement en France 2024. Éclairage régional Auvergne-Rhône-Alpes.

2024
Social
Organismes Producteurs
  • Fondation Abbé Pierre
Résumé
Depuis trois ans, la Fondation Abbé Pierre Auvergne-Rhône-Alpes reçoit des alertes émanant d’acteurs associatifs ou de personnes qui sont en attente d’un logement dans le parc social ou encore de locataires en difficulté dans le parc social. Ces alertes proviennent de territoires variés : en zones tendues où le parc social est fortement plébiscité en 1er accès comme à la mutation, comme dans des zones moins tendues où le parc social peut s’avérer plus rare, moins bien situé voire moins attractif que le parc privé en termes d’accès, de centralité (Drôme, Ardèche, Loire). Les difficultés exprimées par les personnes mettent en avant plusieurs aspects. D’une part, une attente longue qui se compte en années, pour un 1er accès, et qui amène les personnes en recherche d’un logement à bricoler des solutions d’attente chez des tiers, limitées dans le temps, des options coûteuses rapportées à des revenus modestes (Airbnb ou hôtel en début de mois), voire le recours à des solutions de fortune (véhicule, lieux protégés comme les parcs, les bois...). Toutes ces solutions les précarisent et les invisibilisent. De plus, l’augmentation de ces situations oblige ces personnes à s’éloigner des centres-villes car les espaces publics sont davantage sollicités par celles et ceux qui ne parviennent pas à accéder à un hébergement ou à un logement. Depuis l’agence régionale de la Fondation Abbé Pierre, nous sommes de plus en plus sollicités directement par des ménages mal-logés, désorientés avec un sentiment de flou sur ce qui va se passer pour eux concernant leur hébergement, leur accès au logement, leur expulsion locative ; avec aussi des personnes qui témoignent d’un sentiment d’impuissance généralisée sur le logement. Si l’on compare avec le volet emploi où l’on sait qu’il existe déjà des freins, on arrive pourtant à activer quelques leviers. À l’inverse aujourd’hui dès que le frein touche au logement, plus personne ne peut rien faire. D’autre part, un coût du logement dans le parc social qui se télescope avec des budgets faibles et limités auxquels l’augmentation des coûts des fluides et de l’alimentation est venue apporter des difficultés supplémentaires. Ces ménages témoignent souvent du fait qu’ils diminuent leur chauffage, voire ne l’allument pas du tout, ce qui peut avoir des effets sur l’état du logement et sur leur santé. D’autres font des économies sur d’autres dépenses quotidiennes (alimentation, loisirs, cantine) pour pouvoir se chauffer. Les ménages se retrouvent parfois dans des situations d’impayés auprès de leur bailleur ou de leur fournisseur, d’endettement auprès des proches. Le changement de fournisseur d’énergie est quelquefois une option pour conserver les fluides dans le logement. Depuis notre poste d’observation des aides financières de détresse sollicitées auprès de la Fondation Abbé Pierre (env. 300 aides annuelles), la part de celles octroyées pour impayés de loyer et de charges dans le parc social est passée Introduction 5 de 36 % de l’ensemble des aides octroyées en 2019 à 56 % en 2023 pour un montant global d’aides de 123 387 € en direction de ménages locataires du parc social dans la région. Enfin, le sujet de l’entretien et de l’état du parc social nous est signalé par des ménages locataires comme un facteur nouveau de difficultés. Ces derniers nous partagent entrer dans un logement social alors que des travaux programmés par le bailleur ne sont pas toujours faits immédiatement (absence d’eau chaude ou de chauffage). D’autres problèmes techniques peuvent intervenir rapidement, dans les premiers mois d’installation, selon la vétusté des résidences, avec principalement des soucis d’humidité/ de ventilation, générant des problèmes de moisissures sur les murs, une mauvaise isolation du logement, des colonnes dont les eaux usées se déversent dans les logements, la présence de nuisibles. Dans le cadre du soutien de la Fondation Abbé Pierre à des projets d’accès direct de la rue au logement ou de Logement d’Abord sur les territoires d’expérimentation (soit une trentaine de projets annuels), il est porté à notre connaissance des situations de personnes sans-abri qui témoignent d'une entrée dans un logement du parc social présentant des dégradations (travaux non terminés, qui mettent des mois à se mettre en œuvre, désordres récurrents) sur Lyon, Grenoble, Valence et Chambéry. Ces difficultés se font le miroir des enjeux dans le parc locatif social : produire des logements en nombre suffisant là où sont concentrés les besoins, proposer des loyers abordables aux ménages les plus modestes, assurer l’entretien et garantir la qualité de ces logements. Le retrait en matière de politiques publiques du logement affecte le logement social avec pour effet de faire apparaître des dysfonctionnements nouveaux qui bouleversent la vie des demandeurs et des locataires de ce parc. L’agence régionale de la Fondation Abbé Pierre a souhaité traiter ces trois types de difficultés dans le parc social (j’attends trop, mon logement est trop cher, mon logement est dégradé) en trois tableaux croisant données et perceptions rapportées par les acteurs au contact de personnes en difficultés d’habitat.
Accès à l'étude
*L'astérisque indique les organismes ayant changé de dénomination ou ayant cessé leur activité.


Pour compléter ces informations, n'hésitez pas à interroger également la partie Indicateurs et Répertoires