Pieros

Les infections ORL chez l'enfant sont des pathologies fréquentes avec en moyenne 18,6 millions de consultations par an. Ces pathologies induisent un nombre important d'arrêts de travail et d'évictions scolaires car elles induisent une douleur importante. Il existe peu d'antalgiques utilisables en ambulatoire chez l'enfant de moins de 12 ans car en avril 2013, l'ANSM a interdit l'utilisation de la codéine. Les antalgiques pédiatriques utilisables en ambulatoire sont le Paracétamol (AMM dès la naissance), l'ibuprofène (AMM dès 3 mois) et le Tramadol (AMM dès 3 ans). En mai 2017, la société française d'ORL et de chirurgie cervico-faciale (SFORL) a publié une recommandation acceptant l'utilisation des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) dans les infections ORL non sévères de l'enfant. La société européenne d'infectiologie a également accepté, avant la SFORL, l'utilisation des AINS dans les infections ORL. Aucune étude prospective de forte puissance n'a démontré que les AINS favorisaient l'apparition de complications lors des infections ORL bactériennes. L'objectif de cette étude est d'évaluer si la prise d'AINS lors d'infection ORL chez l'enfant augmente le risque de survenue de complications. Étude rétrospective mono-centrique de 70 patients hospitalisés à l'hôpital de l'HFME en ORL. 25 (38,5%) patients hospitalisés avaient une complication. Parmi ces 25 patients, 10 (40%) avaient pris des anti-inflammatoires avant l'hospitalisation et 15 patients (60%) n'avaient pas pris d'anti-inflammatoires avant l'hospitalisation (khi-deux : 0,407). Cette étude montre que l'utilisation d'anti-inflammatoires pour le traitement de la douleur des infections ORL chez l'enfant ne semble pas augmenter le risque de complications. De plus, des sociétés savantes de plusieurs pays ont autorisé l'utilisation des AINS dans le traitement de la douleur des infections ORL chez l'enfant. L'incidence des pathologies ORL est importante, mais l'incidence des complications de ces infections est faible. De plus, la prise d'antibiotiques dès le début de la pathologie ne diminue pas le risque d'évolution vers une complication. Notre travail semble conforter l'avis de la SFORL quant à l'innocuité de la prescription d'AINS en cure courte (48-72h) pour le traitement de la douleur dans les infections ORL chez l'enfant. Cependant, la puissance de notre étude est insuffisante pour apporter une conclusion définitive compte-tenu de la rareté des complications susceptibles d'être impactées par la prescription d'AINS. Il serait donc intéressant de réaliser une étude prospective de forte puissance, de type cas-témoins, afin de mieux évaluer les risques des anti-inflammatoires dans les infections ORL chez l'enfant.