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Perceptions et attentes en matière d’intimité et de sexualité en EHPAD : étude quantitative réalisée à travers un regard croisé entre 88 résidents et 115 soignants au sein de sept EHPAD de la région Auvergne-Rhône-Alpes.
2017
Santé
Médico-Social
Auteurs Physiques
- IHADADENE (I.)
- LUCIANO (C.)
Organismes Producteurs
- Université de Lyon
Résumé
Les désirs sexuels persistent chez les séniors, et ce y compris en institution gériatrique. Cependant, l'entrée en institution peut mettre à mal la liberté d’expression de l’intimité affective et sexuelle de la personne âgée. Les études menées sur la question ont principalement traité les perceptions du personnel soignant et rarement celles des résidents. L’objectif de cette étude était de réaliser un état des lieux des perceptions et attentes en matière d’intimité et de sexualité en EHPAD, à travers un regard croisé entre des résidents de plus de 65 ans et leurs soignants (IDE, AS et stagiaires). Méthode : Une étude quantitative descriptive a été réalisée au sein de sept EHPAD situés dans cinq départements de la région Auvergne-Rhône-Alpes (le Rhône, l’Ain, l’Isère, la Drôme et l’Ardèche), entre le 15 novembre et le 30 décembre 2016. Cette enquête transversale, multicentrique, était basée sur deux recueils de données : l’un auprès de l’équipe soignante et l’autre auprès de résidents non déments volontaires. Elle a été menée en binôme. Résultats : L’étude a inclus 88 résidents et 115 soignants avec des moyennes d’âge respectives de 87 ans et 36 ans. 51,2% des résidents estimaient que les personnes âgées de plus de 65 ans étaient peu intéressées par la sexualité contre 42,6% des soignants. 33% des résidents pensaient qu’en vieillissant, avoir une sexualité pourrait s’apparenter à un danger ou à quelque chose de déplacé, contre 2,6% de soignants. 80,7% des résidents considéraient que les résidents parvenaient à protéger leur vie privée en EHPAD contre 35,7% des soignants. 83% des résidents et 79.2% des soignants estimaient qu’au sein de l’EHPAD, la dimension intime de la vie du résident était prise en compte par les soignants. 67% des soignants interrogés pensaient que les désirs sexuels des personnes âgées persistaient au sein de l’EHPAD contre 48,9% de résidents. 56,8% des résidents et 64,4% de soignants considéraient que l’entrée en EHPAD constituait un frein à l’expression de la sexualité.79,1% des soignants et 52,3% de résidents étaient d’accords avec la nécessité pour l’EHPAD d’adopter un règlement permettant aux résidents d’avoir une activité sexuelle sans crainte d’intrusion. Discussion : Les résidents étaient satisfaits de la liberté d’intimité qui leur était accordée. Les désirs sexuels persistaient en EHPAD, cependant une baisse de l’intérêt pour la sexualité a été retrouvée. L’attitude globalement restrictive des résidents envers la sexualité, stigmate d’un conservatisme certain, pourrait entrainer chez eux une autocensure afin de rester socialement convenables. En contraste, la majorité des soignants adoptait une attitude permissive en lien avec une bonne connaissance de l’existence d’une sexualité chez la personne âgée. Ils ne constituaient pas une barrière à l’expression de l’intimité et de la sexualité des résidents, au contraire ils la soutenaient. La principale barrière admise à la fois par les résidents et les soignants était l’institutionnalisation en tant que telle. Chaque établissement devrait se doter d’une politique institutionnelle favorisant et respectant le droit à la sexualité des personnes âgées.
Accès à l'étude
Thèse de médecine (93p.) – Disponible à la BU Santé de Lyon 1