Pieros

La prise en charge de la dénutrition constitue un enjeu majeur de santé publique. En effet la dénutrition à l'hôpital (comme à domicile) augmente la morbidité, la mortalité, la durée d'hospitalisation ainsi que les dépenses de santé, le tout impactant l'autonomie et la qualité de vie des patients. Un dépistage précoce et une prise en charge nutritionnelle adaptée sont donc recommandés par les sociétés savantes (HAS, SFNEP, ESPEN). La prévalence de la dénutrition chez les patients hospitalisés ou institutionnalisés est estimée entre 30 et 70% selon les structures. Une étude observationnelle sur données rétrospectives a été menée dans les services de soins de suite et réadaptation (SSR) et de soins longue durée (SLD) d'un établissement hospitalier de gériatrie du CHU de Lyon. L'objectif de cette étude était d'évaluer la prévalence de la dénutrition et des pathologies associées, et les modalités de prise en charge de la dénutrition en gériatrie en fonction du type de service. Pour le recueil des données, l'ensemble des documents et informations présents dans le dossier médical informatisé ont été considérées. La sélection des patients s'est faite de manière aléatoire, en respectant une stratification par typologie de service (même nombre de patients de SSR et de SLD). Au total, 200 patients ont été inclus dans cette étude : 137 femmes et 63 hommes. L'âge moyen était de 85.6 ± 7.7 ans, pour une taille moyenne 162 ± 10 cm et un poids moyen de 65 ± 16 kg. L'IMC moyen était de 24.7 ± 5.5 kg/m². La fréquence de la dénutrition était très importante avec une prévalence globale de 42.5%. Il existe cependant une grande disparité entre les deux types de service SSR et SLD avec des prévalences respectives de 57% et 28%. Le dépistage de la dénutrition par un diététicien était quasi systématique en SSR avec 56% des patients diagnostiqués dénutris contre seulement 7% en SLD. Ce travail sensibilise sur l'importance de la prise en charge de la dénutrition, en milieu hospitalier, mais une partie de ces résultats sont transposables à la pratique officinale. Le sous diagnostic de la dénutrition associé au vieillissement croissant de la population souligne la nécessité de la mise en place d'un dépistage le plus précoce possible et d'une attention particulière sur les facteurs de risques de la dénutrition. L'objectif est de gérer cette problématique de façon proactive plutôt que curative, et de permettre ainsi un gain de qualité de vie pour les patients en limitant les conséquences liées à la dénutrition, et une meilleure maitrise des dépenses de santé avec une amélioration des coûts évités.