Pieros

La masse d’informations, de discours parfois contradictoires au sujet des médecins généralistes nous a poussés à nous interroger sur la réalité de leur représentation auprès des Français. Les représentations sociales constituent une approche sociocognitive innovante pour appréhender cette image. Sur un plan instrumental, elles permettent de faire le lien avec les comportements de santé des patients à travers la notion de pratiques sociales. Pour mettre en évidence le contenu et la structure de la représentation, nous avons élaboré un questionnaire recueillant l’accord des patients consultant dans 10 cabinets de médecine générale répartis dans le Rhône, sur une série de 36 items issus d’entretiens préalables, rigoureusement sélectionnés dans la littérature. Nous avons traité ces données par une analyse en composantes principales et une analyse de similitude. Conformément au modèle bidimensionnel de P. Moliner, le champ représentationnel était organisé autour d’une dimension centrale/périphérique et d’une dimension évaluative/descriptive. Le médecin était défini comme un professionnel bienveillant, guidant les patients dans le parcours de soin. La confiance, base de la relation, constituait la norme. Les éléments relatifs à la compétence thérapeutique et à la responsabilité sociale du médecin constituaient des éléments de description périphériques, qui traduisaient les qualités relationnelles en actions concrètes. La disponibilité, l’attention portée au patient et l’écoute appartenaient au champ des attentes et déterminait les prises de position globales des individus dans la représentation. Enfin, les éléments relatifs aux contingences du métier, s ils n étaient pas exclus de la représentation, apparaissaient très périphériques. La structure de la RS semblait également sous-tendue au niveau idéologique par les thêmata Soi/Autrui et Société/Individu. Nos résultats montraient une différence de positionnements des sujets selon certaines composantes de la distance à l’objet. Nous avons mis en évidence un lien entre la représentation et certains comportements de santé, probablement pensés et exécutés en lien avec le médecin généraliste (pratiques sociales) ou tout du moins en lien avec le système de santé (vaccination antigrippale et modes de recours au soin). Notre travail rejoignait la représentation de la maladie de C. Herzlich dans l’opposition Société/Individu et situait le médecin généraliste comme un médiateur entre ces 2 entités. Enfin, il formalisait l’aspect fondamental de l’approche centrée patient dans l’établissement d’une relation de confiance, socle d’une alliance thérapeutique optimale.