Pieros

Malgré un système de soins réputé parmi les plus égalitaires au monde, la France conserve des inégalités sociales de santé marquées, qui sont étroitement liées à la précarité, facteur de mauvais état de santé. Souvent premier contact médical des personnes vulnérables, le médecin généraliste peut contribuer à réduire ces inégalités en faisant face aux nombreux obstacles de leur parcours de soins. L'objectif de notre travail était d'explorer les ressources mobilisées par le médecin généraliste au cours d'une consultation pour construire une alliance thérapeutique avec un patient en situation de précarité. Treize médecins exerçant en région Auvergne-Rhône-Alpes ont été interrogés lors d'entretiens semi-directifs. L'analyse inductive avec un double codage a permis d'augmenter la validité interne de l'étude. On distingue trois facteurs faisant obstacle à une bonne prise en charge : la précarité inhérente au patient, une relation médecin-patient fragilisée et un parcours de soins difficile à gérer. L'importance des rôles de guidance sociale et de soutien logistique du médecin, ajustés selon l'autonomie du patient, ainsi qu'un cadre de consultation adapté au territoire d'exercice sont évoqués comme solutions. Investir le patient dans sa santé et travailler avec des réseaux médicosociaux conduisent également à un meilleur suivi. Les participants évoquaient la délégation de certains actes de prévention et un site internet dédié au sujet pour mieux se former et prendre en charge les patients vulnérables. Ce travail confirme l'intérêt du modèle biopsychosocial et évoque des pistes pour améliorer le suivi des personnes en situation de précarité.