Pieros

La tuberculose, problème de santé publique mondial, est devenue une maladie de faible incidence en France, touchant préférentiellement certaines zones géographiques et groupes de population. L'objectif de ce travail était d analyser les données épidémiologiques, socio-économiques et médicales des patients suivis pour tuberculose-maladie en Isère en 2013. Nous avons réalisé une étude multicentrique rétrospective de cohorte des patients de plus de 18 ans pour lesquels une déclaration obligatoire de tuberculose a été faite en 2013 dans le département de l'Isère. Les données ont été recueillies à partir des dossiers médicaux des patients. Sur les 94 déclarations obligatoires de tuberculose, 83 ont été étudiées (11 exclues). L âge moyen des patients était de 53 ans, 25% avaient plus de 75 ans et 55% étaient des hommes. 54% des patients étaient nés à l étranger. 21% des patients n'avaient pas de logement individuel (regroupant hébergement par un proche, collocation, vie en foyer/sans domicile fixe/prison). 30% des patients étaient couverts par la CMU, l'AME, ou n'avaient pas de protection sociale. Les groupes socioprofessionnels les plus représentés étaient les personnes sans activité professionnelle (45%, dont 11% d'étudiants) et les retraités (36%). Les patients nés à l'étranger étaient plus défavorisés (concernant le logement, la couverture sociale et l'activité professionnelle) que ceux nés en France. Les caractéristiques socio-économiques n'influençaient pas l'observance et le devenir des patients. Les circonstances du diagnostic étaient un recours spontané au système de soin pour 79% des patients, un dépistage pour 13% et une découverte fortuite pour 8%. Le premier recours était une consultation chez un médecin généraliste dans 57% des cas. 60% des patients étaient considérés comme guéris au terme du suivi, 13% étaient décédés (9 patients, dont 8 avaient plus de 75 ans), 3% avaient fait une récidive, et le devenir était incertain pour 24%. Le taux de décès imputables à la tuberculose chez les plus de 75 ans était de 38%. Les personnes immigrées et/ou en situation de précarité sont plus à risque de tuberculose, avec un lien entre les 2 qui reste à préciser. Un autre groupe, celui des personnes âgées, représente une part importante des patients, dans lequel la tuberculose semble particulièrement de mauvais pronostic.