Pieros

La Communauté des Communes des Collines du Matin, située dans la Loire, se caractérise par une population plus âgée que la moyenne nationale et isolée. Deux types d'organisation des soins y cohabitent : un exercice à temps partiel au sein d'une maison médicale qui fonctionne autour d'un dossier médical partagé informatisé et un exercice à temps plein dans des cabinets conventionnels. Mais la crise démographique médicale menace l'accès aux soins comme dans de nombreux territoires ruraux. La communauté de commune s'oriente vers un projet original visant à maintenir la dispersion sur le territoire des cabinets médicaux et l'accès aux soins en garantissant un mode d'exercice novateur et attractif. Il propose de dégager les médecins des contraintes matérielles d'un cabinet médical en les déléguant à la communauté de communes. Il consiste à faire venir des médecins à temps partiel mais à jours fixes sur les cabinets vacants selon les besoins du secteur. Ce mode de fonctionnement est inspiré de celui de la maison médicale. Afin d'évaluer l'opportunité de ce projet, nous avons réalisé une enquête de population pour comparer les opinions et habitudes des usagers de la maison médicale par rapport aux autres patients de la communauté de communes. Un second objectif consistait à connaître les besoins ressentis par les médecins locaux ainsi que leur opinion à ce sujet. Les usagers de plus de 50 ans ont répondu massivement aux enquêtes et dans une proportion nettement supérieure à la population générale. Ils sont inquiets face à la désertification médicale et à la perte du médecin de famille, qui reste le premier sollicité par les personnes âgées en cas d'urgence. Les difficultés d'accès aux soins touchent plus de 50% des usagers, quel que soit le mode d'exercice du médecin. Les principales causes sont les délais trop tardifs de rendez-vous liés au nombre insuffisant de professionnels de santé ainsi que les difficultés de transport pour les plus fragiles. Notre proposition d'organisation des soins est accueillie favorablement par plus de trois quarts des usagers qui souhaitent son extension aux autres professions de santé. Les médecins du secteur sont tiraillés entre leur intérêt personnel et l'intérêt collectif. L'évolution des soins de premier recours nécessite par ailleurs le partage d'un dossier médical informatisé. Ce dernier alimente leurs inquiétudes par la nécessité de se former à l'outil informatique et la peur d'être jugés dans leurs pratiques par leurs confrères. A l'heure du foisonnement des projets de regroupement des professionnels de santé en France, cette nouvelle organisation des soins de proximité apparaît acceptable pour les usagers mais ne pourra être menée à bien que si elle est portée par les professionnels de santé du secteur et réalisée en collaboration avec les collectivités territoriales.